Stéphane Arnier, 10 ans d'histoire avec Bookelis et un nouveau roman à paraître aux éditions Mnémos

Stéphane Arnier, 10 ans d'histoire avec Bookelis et un nouveau roman à paraître aux éditions Mnémos

Vous souvenez-vous de Stéphane Arnier ? En 2016, il était l’un des auteurs Bookelis les plus récompensés, et sa novella Le vent de Line avait remporté le Prix Fantasy des Booktubers organisé par Bookelis. Son univers végétal des Mémoires du Grand Automne a su séduire pendant des années celles et ceux qui recherchaient une fantasy personnelle et originale.

Depuis la sortie du dernier opus de la saga fin 2021, il a continué d’écrire, et son nouveau roman La Brume l’emportera est à paraître en février… en maison traditionnelle, aux éditions Mnémos. Nous avons voulu revenir sur son parcours, qui souligne les passerelles et portes ouvertes entre autopublication et édition traditionnelle.

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Bonjour Stéphane ! Tu as publié ton tout premier ouvrage avec Bookelis en 2014, nous sommes en 2024, ça fait donc dix ans ! Cela ressemble à quoi, un parcours d’auteur sur dix ans ?

Le monde de l’édition, c’est vraiment une sorte de monde parallèle où le temps ne s’écoule pas de la même façon que dans la réalité ! (rire)

En ce qui me concerne, ça a été dix années durant lesquelles l’écriture a pris de plus en plus de place dans ma vie. Au départ, ça n’a été que sur mon temps libre, le week-end. Puis, pendant des années, à mi-temps. Dernièrement, je ne fais plus que ça.

Cela s’est fait peu à peu. Il y a d’abord eu mes quatre premiers romans, autopubliés via Bookelis (les Mémoires du Grand Automne, entre 2014 et 2021). Puis j’ai eu des opportunités d’écrire sur des jeux de rôle pour des éditeurs spécialisés (comme THOAN, le jeu de rôle de la saga des Hommes-Dieux, paru en 2022 au label LudiKa). Et puis voilà : mon nouveau roman La Brume l’emportera est paru en février 2024 aux éditions Mnémos.

La seule chose qui n’a pas changé, c’est mon genre de prédilection, résolument ancré en imaginaire.

 

Qu’est-ce que tu retiens de ces années d’autoédition avec Bookelis ?

Je dois à Bookelis les ventes de mes premiers romans, mes premiers commentaires de lecteurs, mes premiers prix de concours, mes premières dédicaces en salons : de l’expérience, quoi !

Un peu comme dans les romans de fantasy, j’ai vécu une sorte de parcours initiatique. L’autoédition impose de s’occuper de tout soi-même, et c’est une excellente chose, car cela oblige à s’intéresser à tous les maillons de la chaîne du livre et à comprendre les rouages de l’édition.

Ce qui est fascinant, à notre époque, c’est à quel point les savoirs sont accessibles pour apprendre et progresser, soit par l’accompagnement de plateformes telles que Bookelis, soit en échangeant avec d’autres auteurs qui s’engagent dans cette voie (et ils ont été de plus en plus nombreux au fil des années). Il y a eu une véritable professionnalisation dans la publication indépendante, en seulement dix ans : ce qui se faisait à l’époque où j’ai commencé, c’est complètement obsolète aujourd’hui.

 

Quel conseil aurais-tu aimé qu’on te donne quand tu as commencé en autoédition et qui t’aurait fait gagner du temps ?

À chacun son parcours, et j’ignore si j’aurais pu « aller plus vite » ni si ça aurait été mieux pour moi (je crois qu’un premier conseil à assimiler dans ce domaine, de toute façon, c’est qu’il faut être patient). Mais je dirais que j’ai eu la chance d’être bien accompagné et guidé en rencontrant très tôt des professionnels du monde de l’édition. Un second conseil serait celui-ci : c’est utile de rechercher l’avis des gens qui sont déjà dedans à pieds joints.

Ma stratégie à l’époque, ça a été de participer à de nombreux concours d’écriture en choisissant spécifiquement ceux où le jury était composé de gens de l’édition, ou ceux parrainés par des éditeurs. C’est ce qui m’a permis de rencontrer « en vrai » des gens comme David Meulemans (le président des éditions Aux Forges de Vulcain – en voilà une maison d’édition qui en a fait du chemin, en dix ans !), dont la bienveillance m’a été précieuse.

Dans le même ordre d’idée, aujourd’hui il me semble utile de se rendre autant que possible sur les salons dédiés à la littérature (en particulier ceux du genre qu’on écrit) pour rencontrer les auteurs, les éditeurs et tous les autres acteurs du microcosme de l’édition : ce sont celles et ceux qui sont déjà dans le grand bain qui sauront le mieux vous conseiller sur comment apprendre à nager.

 

En février paraît ton nouveau roman, La Brume l’emportera, aux éditions Mnémos. Pourquoi le choix de l’édition traditionnelle pour ce livre-ci ?

Pour des raisons qui transpirent déjà dans mes réponses précédentes.

Premièrement, parce que pour poursuivre mon apprentissage dans le monde de l’édition, il me semblait important de connaître cette autre facette. Je voulais savoir ce que c’était exactement, la publication en maison traditionnelle – comme, par exemple, expérimenter une phase éditoriale d’un roman en étant accompagné d’un directeur d’ouvrage.

Deuxièmement, parce qu’il y a vraiment de plus en plus de monde en autoédition, par rapport à 2014 : en ce temps-là, nous n’étions pas aussi nombreux à tenter l’aventure. Sortir du lot était plus facile, alors qu’aujourd’hui c’est devenu vraiment compliqué (encore plus avec l’éclatement des réseaux sociaux). Signer un roman de fantasy avec une belle maison d’édition reconnue pour son travail en imaginaire, c’est forcément un plus en termes d’image et de visibilité.

Et puis, même si c’était une volonté de ma part d’aller dans cette direction, ça a aussi été une combinaison d’aléas, d’opportunités, de hasard et de chance. Je suis curieux de voir comment va se passer la sortie du livre et quelle sera la vie du roman dans le temps, en comparaison de la saga du Grand Automne (qui se vend encore et toujours grâce au bouche-à-oreille, merci aux lecteurs).

 

Penses-tu que ton parcours en autoédition a été un atout pour cette publication ? Si oui, en quoi ?

De façon directe, je l’ignore, et je ne pense pas : je ne crois pas que l’éditeur ait pris en compte mes premières publications et mon passif d’autoédité pour choisir mon manuscrit.

En revanche, de façon indirecte, j’en suis persuadé, oui. Quoi qu’on fasse dans la vie, l’expérience, ça compte. Et je ne parle pas seulement de l’aspect technique de l’écriture, mais aussi de ce qui se passe autour : la présence sur les réseaux sociaux, le fait d’aller sur des salons, la reconnaissance des lecteurs et blogueurs, le relationnel avec diverses personnes du milieu (« le réseau »), etc. Tout cela se construit peu à peu. Je suis là où je suis parce que j’ai suivi le chemin que j’ai suivi. La Brume l’emportera a hérité de mon expérience passée, tant dans l’écriture proprement dite (grâce à mes quatre romans précédents) que dans mes discussions avec l’éditeur autour du manuscrit.

 

Certains continuent d’opposer l’autoédition et l’édition traditionnelle, mais on dirait que les portes entre les deux semblent rester ouvertes, non ?

Peut-être que c’est moi qui n’y fais plus trop attention, mais j’ai quand même l’impression de lire moins de petites guéguerres comme ça. Chez les lecteurs, l’autoédition a fait son chemin ; sur les salons aussi ; et chez les auteurs, on en a vu beaucoup qui faisaient les deux, autoédition et traditionnel (heureusement, il semble que l’hideux terme « d’auteur hybride » n’a pas trop pris – rires). Je crois que, petit à petit, les auteurs comprennent que ce n’est pas un choix définitif de carrière ni  une étiquette, et que c’est plutôt un choix de publication qui se fait ouvrage par ouvrage, selon le contexte.

En tout cas, de ce que je peux dire de mon expérience personnelle, c’est que mes publications en autoédition n’ont pas été un frein à ma publication en maison traditionnelle… et que rien ne m’empêche de publier d’autres livres en autoédition à l’avenir. Les portes sont ouvertes, oui, et dans les deux sens.

 

Pour terminer sur ton nouveau roman de fantasy, de quoi parle-t-il ? Y a-t-il toujours une aussi grande place accordée aux grands espaces naturels ?

La Brume l’emportera se passe dans un monde de fantasy recouvert d’une brume étrange qui ne cesse de monter et qui l’engloutit peu à peu. L’histoire met en scène deux personnages autrefois ennemis – un petit berger tout sec et une colossale guerrière des îles – qui arpentent ensemble les sentiers de montagne et les crêtes escarpées à la recherche d’une échappatoire, mais également de réponses. Qu’est-ce que la brume ? Pour la vaincre, ils devront s’associer et déjouer les fantômes de leur passé.

Là où la saga des Mémoires du Grand Automne était très forestière, ce livre-ci est bien plus montagnard ! Mais oui, il contient beaucoup de grands espaces. Comme souvent, je me suis beaucoup inspiré de mes voyages et randonnées pour décrire la quête de mes personnages. J’espère que vous aurez envie de faire le chemin avec eux !

Posté le 06/03/2024 Home, Portraits d'auteurs 0 1803

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