Jimmy is alone

Jimmy venait d'écrire cette phrase sur le mur de sa cellule. Il était effectivement seul, désespérément seul. Pourtant, il y avait les autres, tous les autres qui attendaient comme lui. Qui mourraient lentement à petit feu. Sa solitude froide et glacée achevait de le mener aux enfers qui n'attendaient que cela. Il ne pouvait s'empêcher de songer et de s'interroger sur son sort : Qu'avait-il fait pour mériter cette fatalité ? Cette fin dramatique ? Cette mort absurde et imméritée. Les autres, autour de lui, avaient tué, volé, violé, battu à mort de pauvres innocents. Mais lui, n'avait fait que se défendre de ces garces, de ces salopes qui lui avaient bousillé sa vie alors qu'il ne demandait rien à personne. Maintenant, il pourrissait dans cette prison de merde, attendant le petit matin, le fameux jour où on l'emmènerait de force s'asseoir sur cette putain de chaise pour griller à tout jamais. Depuis qu'il était dans ce couloir de la mort, les nuits étaient immuables et tragiques, pareilles à des cauchemars sans fin, éternellement recommencés. Il se préparait à ce sommeil avec un rite particulier. Il se lavait les dents lentement et consciencieusement, puis se coiffait, se mirait dans la glace, cherchant les signes de son vieillissement qu'il pensait accélérer par cette dernière épreuve. Il se trouvait pas mal et regrettait déjà cette comparaison superflue. Il tournait, et retournait dans la cellule trop exiguë. Le sommeil ne venait pas, c'était habituel. Il n'avait pas fait grand chose et n'était pas fatigué. Puis, il pensait sans cesse à cette question lancinante et cruelle qui lui déchirait le cerveau : Etait-ce la dernière nuit ? Demain, peut-être, je ne referai plus jamais ces gestes familiers. Je ne distinguerai plus ma petite gueule sympathique dans le miroir. Terminé, fini, end pour toujours. Il apercevait la manchette des journaux avec comme titre : John Brown a été exécuté ce matin. John Brown, ce parfait inconnu, cet usurpateur d'identité, ce voleur de vie, ce brigand de bas étage, ce fantôme, ce catafalque qui m'avait englouti.