Amélie Antoine, Solène Bakowski "L'avantage d'être deux, c'est qu'on a l'impression qu'on peut tout oser"

Amélie Antoine, Solène Bakowski "L'avantage d'être deux, c'est qu'on a l'impression qu'on peut tout oser"

C'est le projet dont tout le monde parle en cette fin d'année : deux romans avec une base commune, un détail qui vient changer les destins des personnages, et à lire, deux histoires très différentes. Elles l'ont pensé à deux, l'ont travaillé pendant 1 an et demi et le résultat est plutôt réussi. Amélie Antoine et Solène Bakowski nous racontent ce projet original qui vient mettre son petit grain de folie dans les librairies.

Parlons d'abord du projet

amélie antoine

Votre concept est innovant. A votre connaissance, est-ce qu’il existe quelque chose de similaire en France ou ailleurs dans le monde?

Solène : C’est un concept qui existe dans le cinéma, comme dans Smoking/No smoking d’Alain Resnais. En littérature, je ne m’avancerai pas, j’avoue ne pas avoir conduit de vraies recherches en la matière. Je pense que l’écriture de deux histoires à partir d’un point de départ identique n’est pas nouvelle. En revanche, ce qui est nouveau, c’est que notre projet implique deux auteurs différents.

Les deux thématiques traitées sont la difficulté de vivre sans l’autre et la difficulté de vivre avec l’autre : comment avez-vous décidé de qui allait développer quelle thématique et pourquoi?

Amélie : De mon côté, j’avais très envie, depuis longtemps, d’écrire un roman qui parlerait de la disparition d’un enfant. C’est un sujet auquel je voulais me mesurer, en essayant de proposer quelque chose de différent, à savoir que l’intérêt du livre ne réside pas dans l’enquête et son éventuelle résolution, mais dans la survie d’une famille après la disparition : le manque, la résilience, la colère, la chagrin, la culpabilité... Ce sont tous ces sentiments violents que j’avais envie de disséquer à travers cette intrigue.

Si les lecteurs décident de lire les deux livres, quelle sera leur expérience? Est-ce qu’il faut avoir peur de l’impression de redondance?

Amélie : Je ne pense pas que la lecture des deux romans puisse donner une impression de redondance, car les deux histoires, même si les mêmes personnages en sont les (anti)héros, n’ont que peu de choses en commun, en réalité : il n’y a que le point de départ qui soit le même ; ensuite les deux chemins de vie s’éloignent complètement : disparition d’enfant d’un côté, relation toxique entre deux sœurs de l’autre... 

Vous avez choisi l’autoédition pour lancer votre projet. Comment gérez-vous la promotion des livres?

Solène : La promotion nous a demandé pas mal de travail. Comme nous sommes deux, il a fallu tout coordonner pour que la sortie se passe au mieux. Nous avons monté un vrai plan de communication, avec un rétro-plannnig précis qui détaillait jusqu’aux dates et aux horaires des posts sur les réseaux sociaux.

L’avantage d’être deux, c’est qu’on a l’’impression qu’on peut tout oser. Nous avons donc tablé sur un ton humoristique, avec la réalisation de vidéos dans lesquelles nous mettions en scène une pseudo rivalité. Nous nous sommes beaucoup amusées et je crois que les personnes qui nous suivent ont perçu tout le plaisir que nous avons eu à préparer ça.

 

Amélie et Solène bénéficient du service de distribution de Bookelis, vous pouvez donc retrouver Avec elle et Sans elle dans votre librairie habituelle.

 

Essayons de mieux vous connaître, à travers les yeux de l’autre.

 

Solène, pouvez-vous pitcher le livre d’Amélie, Sans elle, en trois phrases?Solène Bakowski

C’est l’histoire d’une famille heureuse, unie, et de deux jumelles inséparables de 6 ans. Un soir, c’est le drame, l’une des jumelles disparaît. S’engage alors le combat d’une famille, d’une mère, d’un père mais surtout d’une sœur qui n’aura de cesse de chercher celle qui manque à l’appel tout en essayant de se construire dans cette absence.

Amélie, pouvez-vous pitcher le livre de Solène, Avec Elle, en trois phrases?

C’est l’histoire de deux jumelles de six ans, qui s’adorent et sont fusionnelles. Mais, au fil des années qui passent, la jalousie et la rivalité s’en mêlent. Les deux sœurs s’empoisonnent l’une l’autre, et Solène Bakowski dépeint à la perfection une relation des plus toxiques et dangereuses...

Solène, quel chapitre/passage écrit par Amélie auriez-vous aimé écrire?

Sans aucune hésitation, la scène de l’interrogatoire entre le capitaine et les parents, qui se déroule peu après la disparition. Elle m’a laissé un souvenir glaçant et profondément émouvant. Amélie dépeint avec une précision chirurgicale cette partie de ping-pong terrible.

Amélie, quel chapitre/passage écrit par Solène auriez-vous aimé écrire?

C’est Solène qui a écrit le petit passage qui apparaît en prologue et en épilogue des deux romans. Ensuite je lui ai proposé quelques petites modifications, mais ça a été ma seule participation à ce paragraphe. J’avoue que j’aurais bien été incapable d’écrire quelque chose d’aussi poétique et que je reste admirative devant ce que Solène a écrit !

Solène, quel personnage ressemble le plus à Amélie?

J’hésite entre Patricia et Elena. L’une est la mère blessée, à jamais amputée. L’autre est la mère-promesse. Mais dans tous les cas, ce serait un personnage maternel.

Amélie, quel personnage ressemble le plus à Solène?

C’est une question difficile... Peut-être le personnage de Coline, parce qu’elle est conciliante, bienveillante, et cherche toujours à voir le côté positif des choses, se refuse à admettre que certaines personnes peuvent être mauvaises... Solène est un peu comme ça, parfois ;)

Solène, que pourriez-vous dire aux lecteurs pour les convaincre de lire le livre d’Amélie?

En tant que parents, la disparition d’un enfant est sûrement ce que nous craignons le plus au monde. Sans elle nous met face à nos propres terreurs, mais aussi à nos propres questionnements. Comment survivre à ça ? Et, surtout, les autres nous donnent-ils le droit d’y survivre ? Dans ce roman, Amélie nous donne à voir quelque chose qui nous concerne tous. Et elle le fait avec brio.

Amélie, que pourriez-vous dire aux lecteurs pour les convaincre de lire le livre de Solène?

Avec elle, à mon sens, est une tragédie grecque moderne : dès le début, on sent, on sait que ça va mal finir. On ne sait pas dans quelles circonstances, on ne sait pas si certains personnages en sortiront indemnes, mais on sait qu’on est dans du roman noir. On lit son roman l’estomac noué par la certitude qu’un destin effroyable est en marche. On voudrait pouvoir arrêter les choses, mais le train est lancé, et on n’a plus qu’à se laisser porter...

 

 

Le samedi 27 janvier, Solène et Amélie seront toutes les deux au Salon du livre de la mairie de 7e à Paris (14h-18h)

Elles seront également à Livre Paris en mars prochain.

Posté le 19/12/2017 Home, Portraits d'auteurs 0 2149

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