Cindy Costes revient sur son beau succès

Cindy Costes revient sur son beau succès

- Avant d’écrire votre nouvelle C’est pour ton bien, vous avez écrit un roman. Quelle expérience en avez-vous tiré ?

D’adopter un rythme le plus régulier possible, je crois que c’est indispensable pour l’écriture, surtout d’un roman. Ma petite expérience m’a aussi fait prendre conscience qu’il faut réécrire, encore et encore. Ne pas avoir peur de supprimer un passage qui paraît bancal, même si c’est difficile. S’autoriser à prendre le temps de mettre son histoire en pause lorsqu’à force de relire, on ne peut plus la supporter. Ce qui permet de repartir d’un œil presque neuf.

Paradoxalement, j’ai plus appris sur mon écriture avec les nouvelles qui demandent d’être plus concis, de se concentrer sur un thème alors que le roman nous autorise à digresser, à passer plusieurs messages, à avoir plusieurs intrigues imbriquées. Je suis du reste en train de réécrire mon roman avant de le soumettre à mes bêta-lecteurs, car j’ai affiné mon écriture depuis.

- C’est l’appel à textes de l’Inde Panda qui vous a poussée à écrire une nouvelle. Qu’est-ce qui vous a plu dans leur démarche ?

Tout ! J’ai adoré le principe de donner de la visibilité aux indépendants. J’ai découvert cette forme d’édition en tant que lectrice avec Bienvenue sur terre d’Aloysius Chabossot et Assassinat dans la rue Saint-Séverin de Bouffanges. Je crois avoir eu de la chance, mes premières expériences étaient excellentes et m’ont donné envie de continuer de découvrir les autoédités. Je suis tombée sur un ou deux livres beaucoup moins travaillés, d’où mon soutien à L’Indé Panda de faire découvrir aux lecteurs les meilleures plumes indépendantes.

Par contre, je pense que je n’aurais jamais osé y proposer une nouvelle sans les encouragements (c’est-à-dire les messages réguliers me demandant si j’avais écrit une nouvelle) de Bouffanges, qui est devenu un ami proche. Je croyais que ce format n’était pas pour moi, l’exercice est plus compliqué qu’il n’y paraît de prime abord. En peu de mots, il faut créer des personnages, une intrigue, faire passer quelque chose au lecteur. Un travail merveilleux, mais qui m’a fait bosser d’arrache-pied, surtout avec la pression de la date de fin de l’appel à textes !

C’est pour ton bien n’a malheureusement pas été sélectionnée, mais méritait — au dire de mes bêta-lecteurs — une seconde chance. De plus, mon roman sera également autoédité, cette nouvelle était donc l’occasion de tester les plateformes d’autopublication telle que Bookelis et d’aller à la rencontre, timidement, des lecteurs. Je ne m’attendais pas à un tel succès, mes lecteurs ont fait de moi une auteure, leurs retours, c’est juste exceptionnel comme expérience.

- Vous avez soigné tout ce qui est à côté de l’écriture elle-même : relecture par des amis, création de couverture, rédaction de la biographie, du résumé. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette démarche et son importance pour un auteur ?

Un auteur indépendant ne doit pas s’arrêter à l’écriture de son texte. Le roman peut être magnifique, si personne ne l’ouvre, personne ne le saura. La promotion d’un indé étant également très limitée, le soin à apporter à tout ce qui est autour du texte est primordial pour espérer sortir du lot et être lu.

J’ai la chance d’avoir plusieurs personnes qui se sont proposées pour me relire : Solène Mahaut, Iléana Métivier et Bouffanges. Chacun a apporté son point de vue, m’a forcé à réfléchir sur mon écriture, le message de ma nouvelle. C’est un exercice difficile, les relecteurs étant là pour pointer tout ce qui ne va pas, mais indispensable à mon sens.

Pour la couverture, j’ai eu la chance de découvrir une magnifique image libre de droits sur Pixabay ce qui m’a permis de faire la couverture gratuitement via le logiciel Canva qui est très simple d’utilisation. C’est assez drôle, car quand j’ai débuté dans l’écriture, je pensais que la seule tâche que je déléguerai serait la couverture. C’est hautement conseillé, la couverture étant la première chose que les lecteurs potentiels voient. Pour cette nouvelle qui ne génère aucun revenu, je ne pouvais pas faire appel à un graphiste et je dois avouer que j’ai passé beaucoup de temps à rechercher l’image parfaite, mais une fois trouvée, c’était une évidence.

Avant d’être auteure, je suis avant tout une grande lectrice. J’ai notamment une amie, administratrice du forum Partage Lecture qui écrit de magnifiques chroniques de roman. Elle a un talent fou, même si je sais que le livre ne va pas me plaire, quand je lis ce qu’elle en dit, ça me donne envie ! Lui demander qu’elle écrive mon résumé était une évidence. La description de l’ouvrage doit donner envie, il parle de l’histoire, mais aussi de l’écriture de l’auteur et ne doit pas être bâclé. Je manque de recul pour me prêter au jeu et je n’aurais jamais osé parler de mon écriture en des termes si flatteurs.

- Vous n’hésitez pas à faire appel à des tiers quand vous sentez que vous avez besoin de recul. Est-ce une démarche naturelle ou une « méthode » que vous appliquez ?

J’aime l’autoédition pour la liberté qu’elle apporte. Je ne suis dépendante de personne et je maîtrise mes délais. Mais libre ne veut pas dire isolé. Comme pour beaucoup de choses, il est important d’être entouré. J’ai la chance d’avoir plusieurs personnes qui se sont proposées pour m’aider.

Si en débutant, je pensais me dépatouiller seule dans mon coin, j’ai découvert une solidarité exceptionnelle dans le monde des indépendants et je ne me sens jamais seule face à un problème.
J’essaie également d’aider dans la mesure de mes moyens et connaissances.

En résumé, il ne faut pas hésiter à demander de l’aide même si ce n’est pas naturel, d’amis qui savent rester objectifs, mais aussi d’auteurs avec qui des liens se créent. Grâce à internet, il est possible d’échanger et de se soutenir sur des forums dédiés à l’écriture ou des groupes Facebook par exemple. Demander des relecteurs exigeants, des avis sur le choix de la couverture, le nom du graphiste qui a réalisé tel ou tel ouvrage, etc.
En rentrant dans cette dynamique, on se rend compte que ces échanges de services vont de soit. Il est plus facile de demander de l’aide quand on répond présent également (sans trop se disperser évidemment), quand on suit le mouvement.

- Une fois votre livre publié, vous avez sollicité votre premier cercle. Est-ce que vous les avez orientés sur ce qu’ils devaient faire, comme poster des commentaires par ex ?

Pour répondre honnêtement, j’ai recherché ma publication sur Facebook. À mes amis, j’ai demandé de télécharger même sans lire afin de me faire monter dans le classement Amazon et de partager. J’ai eu de la chance, beaucoup ont joué le jeu. Encore plus de chance, plusieurs l’ont lue, je ne m’y attendais pas. La plupart de mes contacts sont des auteurs, qui n’ont pas forcément le temps de lire toutes les publications de leurs amis. Je leur en suis très reconnaissante, d’autant que certains ont également posté rapidement un commentaire sur Amazon ce qui a vite amené de la visibilité à C’est pour ton bien.

- Vous avez choisi de laisser votre ebook en téléchargement gratuit alors qu’il connait un beau succès. Pourquoi ?

Et Pourquoi Pas ? (ceux qui me suivent savent qu’il s’agit du titre de mon roman ;) ). Honnêtement, j’ai adoré l’idée de L’Indé Panda, offrir aux lecteurs une nouvelle qui soit la vitrine du travail de l’auteur. Je me dis que c’est le meilleur moyen de me faire connaître. Au vu du nombre de publications, qui ne sont pas de qualités égales, le lecteur pourra se faire un avis sur ma plume avant d’acheter mon roman.

Deux autres raisons, de moindre importance, mais qui font pencher ma balance en faveur de la gratuité.
Il est très difficile de valoriser une nouvelle. Sur quoi se baser ? Le nombre de pages ? Le temps passé à travailler dessus ? Les émotions procurées aux lecteurs ?
Et pour finir, mettre un prix engrange — si tout se déroule bien — des revenus. Et là, pour les indépendants, c’est un vrai casse-tête fiscal. Je ne me voyais pas me lancer là-dedans alors que j’escomptais vingt lecteurs, j’ai préféré me concentrer sur l’écriture.

Il est vrai qu’au vu du succès de ma nouvelle, il serait tentant de passer en payant, les bons commentaires sont là et ça permettrait de toucher un autre public, celui qui ne s’intéresse pas au gratuit. Mais j’ai beaucoup de mal à me dire que certains l’auront eue gratuite et d’autres, payante, je trouve ça assez injuste.
Bientôt, ma nouvelle redescendra des classements, même si elle s’accroche depuis quatre mois. J’espère qu’à la sortie de mon roman (cette année si tout se passe bien !), les lecteurs qui ne me connaissent pas, qui hésitent lors de l’achat, trouveront cette nouvelle offerte.

- Allez-vous suivre la même stratégie pour votre prochaine nouvelle ?

J’ai une seconde nouvelle, Le Voyage, qui a été sélectionné pour le second numéro de L’Indé Panda, elle est donc lisible gratuitement et la revue s’est occupé des à-côtés. Je bénéficie cette fois-ci du lectorat du magazine et les premiers retours sont très bons (autant sur ma nouvelle que l’ensemble de la publication). J’espère également que ceux qui ont aimé C’est pour ton bien vont avoir envie d’embarquer de nouveau avec moi pour une nouvelle histoire.

Concernant une future publication totalement indépendante, aucune idée concernant la gratuité. Je pense que tout dépendra de sa taille, j’aurais du mal à faire payer une nouvelle de 1 000 mots tandis que ça me semble tout à fait possible pour un texte de 10 000 mots.

Pour tout le reste, je procéderai de la même façon : appel aux amis, communication à mon niveau.

La seule chose qui changera sera le timing je pense. J’essayerai de publier ma nouvelle à une date assez proche de la sortie de mon roman pour bien rester en mémoire des lecteurs.

- Quels sont les enseignements que vous avez retenus et que vous pourriez donner aux auteurs indépendants qui débutent ?

Osez ! Osez écrire, osez le format nouvelle qui est un excellent exercice, osez demander de l’aide, osez mettre votre travail en avant, osez rencontrer les lecteurs.

Entourez-vous ! De proches capables d’avoir un regard critique ou d’inconnus qui eux, prendront moins de gants.

Déléguez ! Si vous sentez que ça sera meilleur si quelqu’un d’autre le fait, faites faire sans hésiter.

Et surtout, soignez l’écrin de votre texte, sinon seuls les fidèles découvriront votre travail, ce qui est dommage au vu du temps passé pour rendre un écrit publiable.

Et pour finir, croisez les doigts. La chance ne peut pas s’anticiper, ne peut pas se prévoir, on peut essayer de la provoquer, mais elle peut ne pas être là à un moment. Il ne faut pas désespérer et continuer.

Un grand merci à Cindy pour son temps et sa disponibilité. Nous lui souhaitons de continuer sur cette très belle lancée!

Découvrez "c'est pour ton bien", la nouvelle événement de Cindy Costes

Posté le 06/02/2017 Home, Portraits d'auteurs 0 2567

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