DANS CETTE ATTENTE

Nous le savions: la vie tenait à peu de chose. Elle demeurait un grand mystère tout comme la peur de la mort. Depuis ma plus tendre enfance, j'avais pour voisin, pour ami, pour confident, un camarade de classe qui était bien différent de moi. Lui, fils de militaire, moi, fils d'ouvrier. Mais l'amitié qui nous a unie depuis plus d'une quinzaine d'année n'a jamais trouvé son pareil. Au fil du temps nous étions devenu des frères, au sens littéral du terme, lui avec (les années ayant passées, je dirai maintenant malgré) sa maladie, moi avec mes ignorances, mes doutes et surtout mes espoirs en un avenir plus doux, plus heureux pour moi et moins douloureux pour lui. Je l'ai souvent porté à bout de bras, je l'ai toujours écouté, il avait pour moi une aveugle, une terrible confiance. Je l'ai accompagné jusqu'au moment fatidique. Pratiquement jusqu'au bout. Je dis bien pratiquement, hélas ! Je lui dois finalement les plus beaux jours de notre adolescence commune. Au revoir, petit frère !