Les éditeurs traditionnels sont-ils encore utiles ?

Les éditeurs traditionnels sont-ils encore utiles ?

Un mouvement contestataire dénonçant "l'inutilité" des éditeurs se développe depuis peu aux USA.

 

Ces auteurs américains estiment que le réseau traditionnel (éditeurs/diffuseurs) accapare une part trop importante des bénéfices que leur valeur ajoutée ne justifie plus, dans un contexte où chacun peut autoéditer et vendre son livre avec plus de facilité que jamais, sans passer par un éditeur.

 

En France et en Europe nous n'en sommes pas encore là. Pas encore, mais le temps est compté. Les premiers best-sellers autoédités ont déjà débarqué, la révolution est en marche.

 

Quel est le métier d'un éditeur? Il sélectionne des manuscrits, parfois les retravaille partiellement, fabrique le livre, le distribue en librairies; enfin il en assure la promotion.

 

Un écosystème complet

Toutes ces opérations peuvent aujourd'hui être réalisées par l'auteur. Compliqué? Pas vraiment pour quiconque est prêt à passer un peu de temps sur un site web d'autoédition. Retravailler son texte? Un coach littéraire peut apporter une aide certaine. Le faire corriger par un correcteur professionnel? Rien de plus simple. Concernant la fabrication (mise en page, imprimerie), il n'a jamais été aussi facile de réaliser des livres de qualité librairie. Les référencements sur les réseaux de distribution en librairies sont accessibles pour un coût modique. Reste la partie promotionnelle.

 

Sur le web chacun peut trouver gratuitement des tuyaux afin de promouvoir son livre auprès des médias et surtout en ligne. Blogs, réseaux sociaux, forums de discussion: nul ne conteste plus aujourd'hui la force de frappe du web, maintes fois démontrée par des inconnus devenus célèbres en quelques semaines.

 

Les auteurs disposent donc aujourd'hui d'un écosystème complet à leur disposition. Ils évitent au passage les attentes de réponses interminables et les refus des éditeurs. Cerise sur le gâteau, en autoédition ils encaissent des pourcentages sur les ventes beaucoup plus importants que les traditionnels 8% de droits d'auteur.

 

Dès lors, il devient légitime de s'interroger sur la valeur ajoutée effective des éditeurs. On ne peut s'empêcher de penser à l'industrie du disque et aux groupes musicaux qui autoproduisent leurs albums, estimant inutile de faire appel à une maison de disque.

 

L'autoédition se développe à une vitesse phénoménale

 

Aux USA et au Royaume-Uni, l'autoédition se développe à une vitesse phénoménale. On ne compte plus les best-sellers d'auteurs autoédités, dont le plus célèbre est certainement Cinquante nuances de Grey de la Britannique E.L James, dont les droits ont été rachetés par un éditeur. Traduit en Français en 2012 il dépasse les 50 millions d'exemplaires vendus dans le monde. Cet opus initialement autoédité est même à l'origine du "porno soft", une nouvelle tendance littéraire qui a le vent en poupe...et que les éditeurs n'avaient pas vu venir.

 

En France l'autoédition se développe également à vitesse rapide. La très officielle Bibliothèque Nationale de France annonce que la progression est de 30% par an depuis 2004. En 2011, 12% du dépôt légal français (formalité obligatoire pour chaque livre publié) est composé de livres autoédités: presque 1 livre sur 8. Et ce n'est que le début...

 

Retrouvez aussi cette tribune sur le site du Huffington Post.

Posté le 06/08/2013 Dossiers Bookelis 0 1454

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