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prenger dit (avant 1300) :Il faut dire l'hérésie des sorcières, et non des sorciers ; ceux-ci sont peu de chose. » -- Et un autre sous Louis XIII : « Pour un sorcier, dix mille sorcières. »
« Nature les fait sorcières. » -- C'est le génie propre à la Femme et son tempérament. Elle naît Fée. Par le retour régulier de l'exallation, elle est Sibylle. Par l'amour, elle est Magicienne. Par sa finesse, sa malice (souvent fantasque et bienfaisante), elle est Sorcière et fait le sort, du...
prenger dit (avant 1300) :Il faut dire l'hérésie des sorcières, et non des sorciers ; ceux-ci sont peu de chose. » -- Et un autre sous Louis XIII : « Pour un sorcier, dix mille sorcières. »
« Nature les fait sorcières. » -- C'est le génie propre à la Femme et son tempérament. Elle naît Fée. Par le retour régulier de l'exallation, elle est Sibylle. Par l'amour, elle est Magicienne. Par sa finesse, sa malice (souvent fantasque et bienfaisante), elle est Sorcière et fait le sort, du moins endort, trompe les maux.
Tout peuple primitif a même début ; nous le voyons par les Voyages. L'homme chasse et combat. La femme s'ingénie, imagine : elle enfante des songes et des dieux. Elle est voyante à certain jour ; elle a l'aile infinie du désir et du rêve. Pour mieux compter les temps, elle observe le ciel. Mais la terre n'a pas moins son cœur. Les yeux baissés sur les fleurs amoureuses, jeune et fleur elle-même, elle fait avec elles connaissance personnelle. Femme, elle leur demande de guérir ceux qu'elle aime.
Simple et touchant commencement des religions et des sciences ! Plus tard, tout se divisera ; on verra commencer l'homme spécial, jongleur, astrologue ou prophète, nécromancien, prêtre, médecin. Mais, au début, la Femme est tout.
Une religion forte et vivace, comme fut le paganisme grec, commence par la sibylle, finit par la sorcière. Lu première, belle vierge, en pleine lumière, le berça, lui donna le charme et l'auréole. Plus tard, déchu, malade, aux ténèbres du moyen âge, aux landes et aux forêts, il fut caché par la sorcière ; sa pitié intrépide le nourrit, le fil vivre encore. Ainsi, pour les religions, la Femme est mère, tendra gardienne et nourrice fidèle. Les dieux sont comme les hommes ; ils naissent et meurent sur son sein.
Que sa fidélité lui coûte !... Reines mages de la l'erse, ravissante Circé ! sublime Sibylle, hélas ! qu'êtes-vous devenues ? et quelle barbare transformation !... Celle qui, du trône d'Orient, enseigna les vertus des plantes et le voyage des étoiles, celle qui, au trépied de Delphes, rayonnante du dieu de lumière, donnait ses oracles au monde à genoux, -- c'est elle, mille ans après, qu'on chasse comme une bête sauvage, qu'on poursuit aux carrefours, honnie, tiraillée, lapidée, assise sur les charbons ardents !...
Le clergé n'a pas assez de bûchers, le peuple assez, d'injures, l'enfant assez de pierres, contre l'infortunée. Le poëte (aussi enfant) lui lance une autre pierre, plus cruelle pour une femme. Il suppose, gratuitement, qu'elle était toujours laide et vieille. Au mot Sorcière, on voit les affreuses vieilles de Macheth. Mais leurs cruels procès apprennent le contraire. Beaucoup périrent précisément parce qu'elles étaient jeunes et belles.