Odium Generis Humani

Pas facile d'entamer l'écriture de tout ce qui s'est passé ? Je n'ai jamais été écrivain, moi. Un homme de sciences. C'est tout. Ce n'est pas tout de s'en vouloir. D'en mourir de culpabilité. Il faut encore le faire résonner dans l'autre. Qu'il le sente à la lecture. Le bouleverser un peu. Un peu d'émotion avant la mort. Le ciel noir. Les asticots. Tout ça. Pas d'autre choix que d'écrire. Tout rédiger, raconter de manière à vous le faire ressentir, au plus profond de toute cette horreur. Un exercice nouveau pour moi. Quand bien même ai-je noirci et publié des milliers de pages. Plus encore même. Des notes d'observation, des articles scientifiques, des colloques. Des dizaines de milliers. La science et l'émotion n'ont rien à voir. Strictement. Mais je n'ai pas d'autre option. Pas le temps d'y réfléchir, de toute manière. Je ne vois rien d'autre que de laisser une trace derrière moi. Sinon personne ne saura jamais.